Dès les premières secondes du générique on est envahi par une sensation de grand cinéma qui va se confirmer magistralement. Tour à tour s’imposent un décor époustouflant, une BO qui nous cloue sur place dès les premières notes, un rythme lent et authentique auquel succèdent des accélérations surprenantes dans un style très particulier. C'est un western étrange et politique loin des clichés du genre. On se plaît à retrouver des saveurs de Deadman, Délivrance voir Les Bêtes du sud sauvage. La trame est obscure et simple à la fois, et le titre est sans équivoque : tout est question de colonisation. Elle est servie par des personnages âpres, complexes et nuancés dont les points de vue s’opposent avec habileté mais cohabitent parce qu’il n’y a pas d’alternative : violence, soumission, résilience, révolte, non-dit et langue de bois.
Malgré la période lointaine, le film apporte un éclairage actuel sur cet étrange pays qu’est le Chili, qui s’étire, se perd et ne finit pas de se chercher. On devine que la nouvelle Constitution avortée l’année passée est très liée au propos. Mais le film résonne au-delà des problématiques chiliennes et peut se transposer partout en questionnant la politique, la domination, les cultures et le vivre ensemble. Bref tout un programme abordé sous un angle de cinéma brut et subtil. Un vrai coup de coeur qui, on l’espère, va rester dans les mémoires.