C'est une année faste pour Wim Wenders. Voilà un homme âgé en pleine capacité de ses moyens, un de ceux qui a vu se coucher de nombreux soleils et qui ne cessent d'en accrocher sur le bord de nos routes cinématographiques. Là, Wenders s'attache à un homme et nous aussi. Un homme profondément libre de préférer écouter des cassettes plutôt que Spotify, un homme autonome qui trouve du plaisir à régler sa vie comme du papier à musique. La félicité se dissimule dans un bain douche, dans un morpion sanitaire, dans l'accomplissement d'une tâche effectuée avec minutie. Perfect Days est une magnifique étude de mœurs, le portrait d'un homme, à la fois ordinaire et complexe, drôle et attachant. Éloigné du matérialisme, le film reconvoque un bonheur perécien, celui qui se situe dans les strates de la peau, dans l'épaisseur du temps, dans les choses de la vie. Wim Wenders signe un film sur les petits riens, qui aurait pu déboucher sur un grand vide mais donne au contraire un concentré de poésie lumineuse. C’est inattendu, déconcertant, beau et, d’une certaine manière, fascinant.