Tout entier contenu dans le sillage gracile d’une quinquagénaire lassée de sa propre existence, Laissez-moi est un portrait féminin, sensible et ouvragé, comme serti dans les paysages suisses au sein desquels Claudine semble étouffer. Pour narrer cette histoire où chaque personnage affronte de charnelles préoccupations, l’incarnation délicate de Jeanne Balibar fait merveille. La grâce naturelle de la comédienne ménage de sublimes trouées dans le quotidien ténu de cette femme travaillant courageusement à sa propre émancipation. Qu’elle soit mère ou amante, elle est une héroïne aux discrets mais telluriques élans, pourvoyeurs de beaucoup d’émotions. Un premier film qui frôle la perfection, mystérieux et toujours inattendu, touchant, beau et frais. Du travail d’orfèvre comme les montres suisses.